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1 février 2009 7 01 /02 /février /2009 16:59

« Conte de Toutes les Couleurs »


 



 

L’origine de l’arc-en-ciel

 

 

Il y a bien longtemps, toutes les couleurs du monde ont commencé à se disputer. Chacune a voulu être la meilleure, la plus importante, la plus utile ou la plus aimée.

 

Le Vert dit :

- Naturellement je suis la couleur la plus importante, symbole de la vie et de l’espoir. J’ai été choisie pour l’herbe, les arbres et les feuilles. Regardez les paysages autour de vous et vous saurez que j’ai raison : lorsque le regard se pose sur toutes les végétations, un grand calme naît et toutes les tensions s’apaisent.

 

Le Bleu l’interrompit :

- Vous ne pensez qu’à la terre, mais regardez le ciel et la mer. C’est l’eau qui est la base de toute vie et qui s’élève des profondeurs océanes jusqu’aux nuages. Je couvre l’immensité des mille nuances qui m’habitent.

 

Mais le Pourpre dit alors avec autorité :

- Je suis la couleur de la force. Les ducs, les rois, les chefs de clan et les évêques ont choisi ma couleur parce que je suis le symbole de l’autorité et de la sagesse. Personne n’hésite avec moi. Tous écoutent et obéissent.

 

Le Jaune rit sous cape :

- Vous prenez tout trop au sérieux. J’apporte rire, joie et chaleur au monde. Comme toutes les étoiles, le soleil irradie ma chaleur tout comme la lune qui le reflète. Le tournesol apporte le rire au monde en se tournant vers le soleil. Tout ce qui est jaune, fleurs, insectes, papillons, projette la lumière et la joie qui n’existeraient pas sans moi !

           

Ensuite l’Orange vint se congratuler :

- Je suis la couleur chaude de la santé et du renouveau. Peut-être suis-je rare et précieux, mais regardez les fruits qui éclatent de ma vitalité et s’embellissent de mes nuances. Je ne suis pas toujours et partout, mais quand je colore le ciel à l’aurore ou au crépuscule, ma beauté est si grandiose que personne ne pense plus à vous.

 

L’Indigo prit la parole plus tranquillement que les autres et dit :

- Pensez à moi ! Je suis la couleur du silence. Vous tenez tous compte de moi. Sans moi, vous êtes superficiels. Je représente l’esprit, les idées, les pensées. Vous avez besoin de moi pour équilibrer et contraster la vie, pour vos croyances, pour vos moments tranquilles ainsi que pour votre paix intérieure.

 

A ce moment, le Rouge, n’y tenant plus, s’écrie :

- Je suis le chef au-dessus de vous tous ! Je suis le sang et la vie, la couleur du danger et du courage. Je suis le feu, mais aussi la couleur de la passion et de l’amour, des roses et des coquelicots. Sans moi, la terre serait aussi morne que la lune !

 

Et les couleurs auraient continué à se vanter, chacune convaincue de sa propre importance si un éclair soudain n’avait jailli dans le ciel et si le tonnerre n’avait grondé. Une pluie violente tomba sans pitié sur toutes les couleurs apeurées qui se rassemblèrent alors pour se protéger.

            La pluie s’ adressa à elles :

- Vous êtes toutes stupides à essayer ainsi de surpasser l’autre ! Chacune d’entre vous a sa vocation unique dans ce monde et possède quelque chose de spécial. Serrez-vous la main et venez avec moi.

Elles firent comme la pluie le leur proposait. Elles se rencontrèrent et se donnèrent la main.

La pluie leur dit :

- A partir de maintenant, quand il pleuvra, toutes ensembles vous vous lèverez pour former un arc dans le ciel, et rappeler ainsi aux humains qu’ils peuvent ensemble s’unir dans la paix.

C’est pourquoi l’Arc-en-Ciel est un signe d’espoir, d’amitié et de réconciliation. Il unit toutes les couleurs : le Rouge du feu de l’amitié et de l’amour ; l’Indigo des rêves qui remplissent nos cœurs ;  l’ Orange chaleureux et rafraîchissant ; le Jaune solaire illuminant le jour ; le Pourpre de l’autorité et de la sagesse ; le Bleu calme du ciel et de l’océan ; le Vert du peuple des végétaux.

                                                                                                                       

D’après un conte circulant sur Internet : « Conte des couleurs »

Janvier 2009

 

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7 janvier 2009 3 07 /01 /janvier /2009 21:27
Les Rois Mages et la Galette des Rois



      La Galette des Rois est un gâteau vendu dans toutes les pâtisseries de France, après le nouvel an.   Une couronne dorée  lui est toujours adjointe. Les chrétiens mange la galette le six janvier, célébrant ainsi la naissance du Christ. Grâce à cette galette de tradition ancienne, les Français commémorent aussi les trois envoyés du Grand Roi qui partirent de l’Orient à la rencontre du Messie et de sa Mère, Marie, d’où l’appellation de la Galette des Rois. Les Rois Mages étaient de confession Zoroastrienne et les représentants de l’Empereur de Perse, le Christ étant né à l’époque du roi Farhad V (Achk XVI), de la dynastie Parthe (Achkanian).



Les mages apportent leurs présentes au Christ nouveau-né.
 Mosaïque byzantine de San Appolinare Nuovo è Ravenne,
donnant une description fidèle des vêtements Parthes.
Les mages étaient célèbres en Occident depuis l’époque de Platon,
moins comme prêtes du feu que comme sages.
(Veronica Ions,
Le grand livre des mythologies, Borda, 1981)
 


La ville de Chiz.
Takhte Sulaiman, Sanctuaire du Feu.
(Dossier Archéologie, 227, Oct. 1997)
 
     Divers voyageurs nous ont laissé des témoignages en relation avec les Rois Mages. Nous en rapportons ici quelques-uns parmis d’autres. Dans son encyclopédie géographique au nom de Maajam ol baldan, Hamawi écrit : « Chiz, une ville située en Azerbaïdjan, est le lieu de naissance de Zarathoustra. » Un autre voyageur Arabe nous raconte : « Chiz est une ville située entre les deux villes de Maragheh et Zanjan. La ville de Chiz possède une enceinte et à son centre il y a un lac. A cet endroit se situe selon la croyance des Zoroastriens, le plus grand temple du Feu, lequel un jour a donné son feu à tous les autres temples Zoroastriens du monde, de l’Orient à l’Occident. La coupole de ce temple est surmontée d’un croissant de lune. L’une des caractéristiques de ce temple est son feu éternel qui brûle depuis des siècles sans jamais laisser de trace de cendre ! » Mais la renommée de la ville de Chiz ne s’arrête pas uniquement à son temple du feu, ni à ce qu’elle est le lieu de naissance de Zarathoustra.Ce qui le distingue des autres temples est son rapport avec la légende des Rois Mages.
 

 
      Lorsque le Grand Roi apprit la naissance à Bethléem du bienheureux enfant, il décida sur le champ de lui faire porter des huiles parfumées et d’autres offrandes. Il désigna donc trois de ses vassaux les plus représentatifs et les dépêcha à Jérusalem pour rencontrer le nouveau né, apporter les offrandes à sa mère et lui apprendre que la dignité et la suprématie de son enfant dirigerait le monde vers la force du bien. Les envoyés du Grand Roi trouvèrent Marie et lui présentèrent les offrandes.
 

 
     Dans les évangiles selon Mathieu, chapitre deux verset douze, on apprend que Jésus est né à Bethléem au temps du règne d’Hérode. A cette époque, trois Mages, vinrent de l’Orient à Jérusalem et demandèrent : « Où se trouve le Roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus le rencontrer. » Ils avaient suivi l’étoile et avaient finalement trouvé Marie et son fils. Ils leur présentèrent les offrandes du Grand Roi, puis rentrèrent dans leur pays !
 

 
     Dans le chapitre sur la « grand province de Perse », Marco Polo précise que c’est dans la ville de Saba (Saveh en Iran, au sud-ouest de Téhéran) que les trois mages partirent pour aller à Bethléem adorer le Christ nouveau né. C’est en cette même cité de Saba que se trouve, dit-on leurs sépultures. Balthazar, Gaspard et Melchior, puisque tels sont les noms que leur donne la légende. 
 

Reliques des Rois Mages à Janailhac (Hte Loire).
 
     Ils n' ont pour tout bagage que les présents qu’ils portent dans des vases précieux ressemblant à des ciboires. Le plus âgé désigne l’étoile qui va les guider jusqu’à la Crèche. La forme incurvée de la route, soulignée par le talus qui la borde, et sa perspective qui s’étrangle entre les montagnes suggèrent, dans un espace restreint, le mouvement et la longueur du voyage que les trois rois mages entreprennent. (Marco Polo, le livre des merveilles, Paris Bibliothèque National de France, Manuscrit français 2810, folio 11v, Ed. M.T Gousset)
 



      Marco Polo qui traversa l’Iran au temps du règne du Kublai Khan, petit fils de Gengis Khan, écrit : « L’Iran était un grand et honorable pays avant qu’il ne tombe entre les mains des Tatars et soit ruiné.
En Iran il y a une ville nommée Saba (Saveh), c’est d’ici que les trois mages sont partis à Jérusalem,
voir le Messie. Leurs tombes se trouvent dans les hauteurs de cette jolie ville et l’on rapporte
que les cheveux et les barbes de ces derniers ont résistés aux années. »




     Les noms de ces trois Mages étaient Balthasar, Gaspar, Melchior. Marco Polo tenta de retrouver leurs tombes. Sans avoir l’aide de la population et après trois jours de marche, il arriva enfin à une citadelle qu’on appelait la « forteresse des Adorateurs du Feu ». Ses habitants prétendaient que les trois Mages, envoyés du Grand Roi à Jérusalem, étaient partis de cette même forteresse. L’un d’eux serait le Roi de Sabah, le deuxième celui de Diaveh et le dernier celui d’une ville (Chiz) dont la population a préservé jusqu’à aujourd’hui sa religion Zoroastrienne.

 



     Une légende, qui circule en Perse, raconte qu’en échange de l’or,
de la myrrhe et de l’encens qu’ils lui offrirent,
l’Enfant-Dieu remit aux mages une cassette close en leur recommandant de ne pas l’ouvrir.
Sur le chemin du retour, au bout de quelques jours de voyage,
la curiosité l’emporta sur l’obéissance et ils ouvrirent le coffret.
A leur grande surprise, ils n’y trouvèrent qu’une pierre.
Dépités et convaincus que l’Enfant s’était moqué d’eux,
ils jetèrent la pierre dans un puits très profond.
Quel ne fut pas leur ébahissement de voir jaillir aussitôt un feu miraculeux,
dont ils recueillirent une partie et la déposèrent dans un sanitaire à « Cala Ataperistan »,
lieu fabuleux dont le nom signifie « le château des adorateurs du feu ».
Un sanctuaire s’ouvre su un jardin intérieur dans lequel les trois Rois mages sont agenouillés,
en prière devant un autel. Sur cet autel brûle le feu légendaire.
(Marco Polo, le livre des merveilles, Paris Bibliothèque National de France,
Manuscrit français 2810, folio 12, Ed. M.T Gousset)

 



     Dans son récit de voyage en Iran, un autre voyageur italien du nom d’Oderic de Pordenon
nous parle également des trois Mages.


     Qu’ils soient de l’Orient ou de l’Occident, ces voyageurs ont tous entendu des récits populaires qu’ils ont relatés plus ou moins fidèlement. Il paraît qu’après avoir reçu les offrandes des émissaires du Grand Roi, Marie leurs offrit elle aussi un sac, ou une boîte, fermée. De par son aspect, les Mages pensèrent qu’il s’agissait d’un cadeau sans grande valeur. Sur le chemin du retour, ils l’ouvrirent et selon différents récits, y trouvèrent du sable ou selon Marco Polo, du Cumin ! Ainsi, estimant ce cadeau trop modeste pour être ramené au Grand Roi, ils vidèrent le contenu du sac dans un puits asséché. Soudain, une énorme flamme y surgit. Les Mages stupéfaits et en même temps émerveillés par cette vision, décidèrent de ramener ce feu en Iran et de le préserver dans cette forteresse près de Saveh (ou Chiz).
 



     Ces récits nous démontrent que les profils des trois mages
avec leurs couronnes décorées d’étoiles filantes figurant sur nos galettes d’aujourd’hui
sont ceux-même d’anciens Rois Iraniens qui furent les premiers à reconnaître le Messie
 et ainsi forcèrent à tout jamais le respect de toutes les communautés chrétiennes du monde.

 

 

 





    La légende est belle et n'est probablement pas authentique......

                                        Article de Patricia Martin


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25 décembre 2008 4 25 /12 /décembre /2008 18:36

« La Grotte du Lait » à Bethléem


 

 

 

     « A l'extrémité méridionale de la colline autour de laquelle tournait le chemin qui conduisait dans la vallée des bergers, se trouvait, indépendamment de plusieurs autres grottes ou caves creusées dans le roc, la grotte où Joseph chercha un abri pour la sainte Vierge. L'entrée, tournée au couchant, conduisait par un passage étroit à une espèce de chambre, arrondie d'un côté, triangulaire de l'autre, située dans la partie orientale de la colline. La grotte était creusée dans le roc par la nature ; seulement du côté du midi où passait le chemin qui conduisait à la vallée des bergers, on avait fait quelques réparations au moyen d'une maçonnerie grossière.

     De ce côte ; qui regardait le midi, il y avait une autre entrée. Mais elle était ordinairement bouchée, et Joseph la rouvrit pour son usage. En sortant par là, on trouvait à main gauche une ouverture plus large qui conduisait à un caveau étroit, incommode, placé à une plus grande profondeur et allant jusque sous la grotte de la Crèche. L'entrée ordinaire de la grotte de la Crèche regardait le couchant. On pouvait voir de là les toits de quelques maisons de Bethléem. Si en sortant par là on tournait à droite, on arrivait à l'entrée d'une grotte plus profonde et plus obscure, dans laquelle la sainte Vierge se cacha une fois. »

 

http://209.85.129.132/search?q=cache%3AlUWhGtGXLFwJ%3Ahttp://catholiquesdu.free.fr/ACM/LAVIEDELASAINTEVIERGE/50.htm

 

 

 

 

Conte de « la grotte du lait »

 

 

      « Pourquoi, à Bethléem, y a-t-il, à quelque distance de la Grotte de la Nativité où naquit l’Enfant Jésus, une seconde grotte appelée la Grotte du Lait ? Le savez-vous ?

Les nombreux pèlerins qui s'y rendent le savent-ils ? Il ne semble pas.

      C'est ce que je vais vous conter en ce jour de Noël.

     Il y a deux mille ans, à Bethléem, vivait un pauvre fou, pauvre entre les pauvres, le fou du village en quelque sorte, le simple d'esprit. Les gens le respectaient et le craignaient tout à la fois. Il y avait ainsi, avant, un fou dans chaque village. Celui-ci partageait la litière de sa vache, son seul bien, et s'abritait du froid et de la pluie, avec elle, dans une sorte de grotte, ou plutôt d'abri rocheux. Il mendiait son pain et le lait de sa vache lui fournissait l'essentiel de sa nourriture.

 

      Ce que je vous conte se passait il y a très exactement deux mille ans puisque, comme chacun sait, le moine Bède le Vénérable, chargé par le pape en l'an six cent soixante six - notez-le bien- de mettre au point le calendrier chrétien, se trompa dans ses calculs d'exactement trois années. Pourquoi Dieu qui inspire toutes choses permit-il cette erreur ? Nul ne le sait.

     Il y a donc très exactement deux mille ans, vivait à Bethléem un pauvre d'entre les pauvres, pauvre de bien et pauvre d'esprit.

     Lorsque Marie, sur le point d'accoucher, et Joseph, qui prenait si grand soin d'elle, arrivèrent en ce lieu, ils furent chassés, c'est vrai, des hôtelleries qui refusèrent de les recevoir.

     Mais il n'est pas vrai que personne ne les accueillit !

    Non, non, les pauvres toujours accueillent les pauvres, et ce fut lui, le pauvre fou du village, qui, les voyant démunis et désemparés, les accueillit dans sa grotte.

     Il mit de la paille propre dans la mangeoire, ramassa du bois pour allumer le feu, leur prêta son chaudron pour faire chauffer de l'eau. L'eau chaude était bien nécessaire...

    Il attacha l'âne à côté de sa vache et lui, cette nuit-là, alla dormir à la belle étoile.

 

    Ah ! Qu’elle était belle l'Etoile qui brilla cette nuit-là au-dessus de sa grotte !

     Dans son rêve un ange le visita, sans doute celui-là même qui avertit les bergers. Cet ange lui dit :

     - Dans ta grotte est né, cette nuit, le Fils de David qui apporte le salut à Israël ; il est né de la Vierge Marie.

     Alors lui, le pauvre fou - et c'est bien là la preuve qu'il était fou - il s'en alla au matin dans les rues de Bethléem en criant :

     - Cette nuit, dans ma grotte, est né le Fils de David ; il est né de la Vierge Marie. L'Ange de Dieu me l'a dit !

     Alors, on le chassa, on lui jeta des pierres.

     - Va-t-en, pauvre fou ! Cesse de dire des sottises !

     Lui insistait et répétait à tous vents :

     - Cette nuit, dans ma grotte, est né le Fils de David ; il est né de la Vierge Marie ; l’Ange de Dieu me l'a dit. Venez voir comme il est beau et comme sa mère est belle !

    On le chassa du souk, on le chassa du village. Il revint à la grotte en pleurant. Il ne comprenait pas. C'était un simple d’esprit.

 

     Les Evangiles ne disent rien de cet homme, personne n'a retenu son nom. Les Evangiles ne peuvent pas tout dire... C'est toujours ainsi pour les pauvres. Mais je vous assure, moi le Conteur qui conte depuis la nuit des temps les légendes qui tissent le destin des humains, qu’il y eut bien un pauvre d’entre les pauvres pour accueillir Joseph et Marie en cette nuit de Noël, il y a de cela très exactement deux mille ans. Le même Ange qui visita son rêve me l’a dit en songe.

     Il avait tant crié, le pauvre fou, dans les rues du village ! Quelques curieux vinrent voir ce qui se passait dans la grotte qu’il occupait. Ils virent, entre l'âne de Joseph qui avait porté Marie jusque-là et la vache du pauvre fou, dans la mangeoire, un enfant nouveau-né qui souriait. Ils se moquèrent du pauvre fou, de Marie et de Joseph !

     - Est-ce là le Fils de David ? Pauvre fou que tu es, tu te moques de nous !

     Comme leur venue importunait Marie, elle alla, à quelque distance de là, dans une autre grotte, allaiter l'Enfant Jésus afin d'être tranquille.

 

     C’est pour cela qu'on appelle encore aujourd'hui cette grotte de Bethléem, « la Grotte du Lait ».

     Les habitants de Bethléem n'ont pas retenu le nom de ce pauvre homme, mais ils savent encore, deux mille ans après, que la Vierge Marie se réfugiait dans cette grotte isolée pour donner le sein à cet Enfant nouveau-né venu apporté l’exemple de sa Vie aux hommes. »

 

Conte écrit à Bethléem le jour de Noël 1997.Extrait de : Régor (Robert Mougeot), Contes qui coulent de Source, Editions EDIRU, 2006



Les Pères franciscains ont construit depuis peu une église sur ce lieu.
 
http://www.custodia.org/spip.php?article289

AVM

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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 18:06

Conte

 

« Le tombeau de Mullah Nashrudin en Turquie »

 

 

Les pèlerins qui se rendent sur la tombe du célèbre Mullah Nashrudin en Turquie savent-ils comment celui-ci a été enterré ?


En effet, ses descendants n’ont pu qu’observer ses dernières volontés.
Et quelles furent-elles ?


Lorsqu’on les lui demanda, il répondit :

- « Je veux être enterré simplement, comme tout croyant, mais debout ! »


- « Mullah ! Tu n’y songe pas ! Ce n’est pas ainsi qu’il est coutume de faire », lui dit sa femme.


- « Je sais, mais je veux être enterré debout pour n’avoir pas à me lever le jour de la résurrection des morts. Et de plus, je veux être enterré debout, la tête en bas et les pieds près du sol ! »


- « Mais, c’est insensé ! On n’a jamais vu une chose pareille ! »


- « Et bien ! Telle est ma volonté ! Ce monde est tellement à l’envers que le jour de la Résurrection, il sera retourné et ainsi je serais debout dans le bon sens ! »




Illustrations : Mulla Nashrudin à Ankara, Turquie, et à Boukkara, Ousbékistan.

Et si ces deux villes revendiquent son tombeau, elles sont toutes deux d'accord pour représenter Nashrudin chevauchant son âne ... à l'envers !

Pourquoi ?

-"Si je précède mes disciples qui suivent mon âne, il n'est pas juste que je leur tourne le dos!"

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14 décembre 2008 7 14 /12 /décembre /2008 17:55
Conte

« Le tombeau de Rûmi »

 

à Nadine
 


« Un conteur, qui se croyait quelque peu soufi parce qu’il traduisait en perroquet les contes des plus célèbres d’entre eux, regardait un dimanche l’émission Islam consacrée ce jour-là au 800e anniversaire de la naissance de Djalâl-od-Din Rûmi.

Le dialogue entre l’animateur et ses deux invités était passionnant. A un moment donné, ils parlèrent du tombeau de Rûmi, précisant qu’il avait été bâti en Turquie, à Konya.

Ce conteur se leva aussitôt, prit dans sa bibliothèque un Atlas pour voir où était située cette ville afin de s’y rendre à la prochaine occasion lorsqu’il s’immobilisa soudain en entendant le frère derviche qui participait au dialogue citer Rûmi :


 

“Ne cherche pas sur terre mon tombeau,
mon tombeau est dans le Cœur de Celui qui aime 
!” »  










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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 17:36

Quelques contes sur le miroir

qui demande réflexion…

et réflexion !

 

 


       Quantité de Contes et de Légendes traditionnels nous parlent du miroir dans l’un ou l’autre de ses aspects. C’est un petit objet si simple et si mystérieux ! Dans nos pays d'Europe, et surtout en France, il est associé d’abord à la séduction et à la beauté. Mais attention ! Notre œil est-il sain ?

     « Connaissez-vous la première partie de l'histoire de La Reine des Neiges d'Andersen ? Elle "traite du miroir et de ses morceaux". Le diable réussit un jour à fabriquer un miroir dans lequel le beau et le bien étaient rapetissés alors que le mal se trouvait amplifié. Qui se regardait dans ce miroir se découvrait difforme. Lorsque les diables voulurent l'élever vers le ciel, il éclata et ses morceaux s'éparpillèrent sur la terre entière. Ceux qui en reçurent un éclat dans l'œil virent partout le mal. Ceux qui reçurent un éclat dans le cœur furent endurcis dans le mal et ceux qui voulurent utiliser des morceaux de ce miroir pour fabriquer des lunettes connurent les pires mésaventures.

     Le conte, comme la légende, donne toujours les clefs de l'aventure humaine. Pourquoi l'homme a-t-il perdu son ressentir naturel ?

     "Cela vient de ce qu'il a au cœur un éclat de verre, et dans l'œil un éclat de ce même verre, qui dénature les sentiments et les idées. Il faut les lui retirer ; sinon il ne deviendra jamais un être humain digne de ce nom..."

    Et seul peut faire cela le miracle de l'amour.

     Dans ce récit, ce sont les larmes de la petite Gerda qui délivrèrent son ami Kay des éclats qu'il avait reçus et qui lui avaient brutalement changé le caractère. Pour lui, elle souffrit de grandes épreuves. Lorsqu'elle le revit, elle pleura de chaudes larmes qui "tombèrent sur la poitrine de Kay, pénétrèrent jusqu'à son cœur et en fondirent la glace, de sorte que le vilain morceau de verre fut emporté et la glace dissoute." Alors Kay, à son tour, "éclata en sanglots; les larmes jaillirent de ses yeux et le débris de verre en sortit ..." A la fin de l'aventure Gerda et Kay sont devenus adultes. "Ils avaient grandi, et cependant, ils étaient encore enfants, enfants par le cœur." »
       C’est par l’ « Œil du Cœur » qu’il convient de voir, mais encore faut-il pour cela en polir le miroir comme il apparaît dans ce conte !

      “En ce temps-là, la Chine cessa brusquement d'être un Etat prospère. Les fleuves rompirent leurs digues et causèrent de graves inondations, les récoltes furent très mauvaises, les famines ravagèrent de vastes provinces et les envahisseurs apparurent aux frontières...

     L'Empereur et ses Ministres tentèrent en vain quantité de réformes, sans aucun succès, et le découragement était grand...

     Quelqu'un cependant parla alors à l'Empereur d'un Sage vivant dans une grotte reculée, sur la pente d'une montagne perdue et qu'il serait peut-être bon de consulter, vu l'état des choses...

     En désespoir de cause, l'Empereur, devant l'aggravation de la situation et son impuissance manifeste à y porter remède, s'y résolut. Il partit donc avec ses principaux ministres et les hauts dignitaires de l'Empire jusqu'à cette grotte quasi inaccessible et là, il exposa au Sage l'état de l'Empire.

     Celui-ci ne dit rien. Mais il se réfugia dans un endroit encore plus désolé, encore plus inaccessible et l'on n'entendit plus parler de lui.

     Les jours, les mois, les années passèrent et les inondations cessèrent, les récoltes redevinrent abondantes, les famines disparurent et les envahisseurs furent repoussés aux frontières. La paix et la prospérité revinrent...

     L'Empereur fut fort étonné de cette amélioration remarquable dont il ne pouvait s'attribuer le mérite et dont il ne pouvait comprendre la cause. Il décida donc de revoir le Sage qu'il avait consulté.

     Il lui fallut cette fois faire un voyage encore plus périlleux et il eut quelque peine à retrouver ce Sage tant sa retraite était quasi inaccessible. Il lui exposa de nouveau l'Etat de l'Empire, puis il lui posa la question :

     Mais Maître, qu'avez-vous fait pour que la paix et la prospérité reviennent ainsi ?

     Et le Sage lui répondit :
    - J'ai remis de l'ordre en moi-même ! J’ai poli le miroir de mon cœur ! ”  

     Mais ne faut-il pas déjà prendre conscience de la première de nos illusions lorsque nous ouvrons les yeux sur ce monde ! N'est-elle pas d'accorder une créance excessive à nos sens ?

     « La vision nous interroge ici particulièrement. Qu'est-ce que voir ? Y a-t-il un mot plus galvaudé ? Son sens n'est-il pas pourtant évident puisqu'il suffit d'ouvrir les yeux ?

     Dans Le Zohar, il est écrit que « deux modalités président à la création du monde : la droite et la gauche. » Devant le miroir que deviennent-elles ? La perspective habituelle est faussée, la logique visuelle est mise en défaut, réalité et image se substituent l'une à l'autre mais les points de repère disparaissent. Même un miroir de pur cristal ne renverra qu'une image inversée ! Qui a conscience de ce phénomène ?

    L'une des petites filles que Lewis Carroll avait connue et qui se prénommait Alice raconte l'anecdote suivante. Lorsqu'elle avait environ sept ans, l'auteur de Alice au Pays des Merveilles l'interrogea après lui avoir dit de prendre une orange dans une main :

- Regarde-toi dans la glace. Qu'est-ce que tu vois ?

- Je me vois en train de tenir une orange.

- Dans quelle main tiens-tu cette orange ?

- Dans la main droite.

- Maintenant va te placer devant le miroir et dis-moi dans quelle main la tient la petite fille que tu vois ?

- La main gauche.

- Comment expliques-tu cela ?

- Et la petite Alice de répondre après un temps d'hésitation :

- Si j'étais de l'autre côté du miroir, est-ce que l'orange ne serait pas toujours dans ma main droite ?

     L'anecdote est peut-être un peu trop belle et une telle observation trop subtile pour une jeune enfant. La transposition opérée par le miroir, changeant l'ordre connu et expérimenté, n'est en rien évidente à discerner. »

 

Alice passant à travers le miroir.
©Dessin à l’encre de Chine de Sylvain Fusch.

      « Ne pas connaître cette loi de l'inversion de l'image dans le miroir n'est pas sans danger. En témoigne cette histoire tragique du jeune enfant qui n'arrive pas à reconnaître sa droite de sa gauche.

     “On lui enseigne un procédé simple : sur une joue, il a un grain de beauté, unique trace de dissymétrie, qu'il lui suffit de repérer du bout des doigts pour reconnaître son côté gauche ». Mais un jour, à vélo, il vérifie ce détail physique dans son rétroviseur, refuse une priorité à droite et se fait renverser par une voiture ! ”

    Cette histoire a été à l'évidence inventée pour les besoins de la cause. Dans la vie courante, chacun s'accommode fort bien du phénomène de l'inversion de l'image dans le miroir sans en garder habituellement la conscience. »

     C’est une toute autre aventure qui est survenue à Narcisse ! Avait-il conscience de cette étrange inversion lorsqu’il se contempla dans l’eau de la source ?

     « Pour l'essentiel, la légende est fort simple. Il était d'une grande beauté et le devin Tirésias avait prédit qu'il "vivrait vieux s'il ne se regardait pas". Narcisse, rétif à tout amour, a refusé entre autres les avances de la nymphe Echo. Je préfère, lui dit-il, "mourir que d'être possédé par toi”. Nemesis voulut venger les filles dont il repoussait les avances. Un jour de grande chaleur, après la chasse, Narcisse assoiffé se pencha pour boire l'eau d'une source. Il vit alors son reflet et s'en éprit. Dès lors il fut obsédé par cette image et se noya en la contemplant. A l'endroit jaillit une fleur jusque-là inconnue que l'on appela narcisse. Mort, il cherchait encore à distinguer ses traits dans les eaux du Styx !

 


Narcisse hypnotisé par son image dans la source.
©Dessin à l’encre de Chine de Sylvain Fusch.

      La contemplation de sa propre beauté conduit donc Narcisse à la mort tout aussi fatalement que, pour d'autres, la contemplation de la déchéance de leur corps.
     "Séduit par l'image de sa beauté qu'il aperçoit, il s'éprend d'un reflet sans consistance, il prend pour un corps ce qui n'est qu'une ombre (...) Que voit-il donc ? Il l'ignore; mais ce qu'il voit l'embrase, et la même erreur qui abuse ses yeux excite leur convoitise (...) Il contemple sans en rassasier ses regards la mensongère image et par ses propres yeux se fait lui-même l'artisan de sa perte."

     Il aime et ne peut posséder l'objet de son amour! Le piège mortel qu'il a tendu à d'autres se referme sur lui.

      "Narcisse se tue parce qu'il s'aime, il ne pourrait s'aimer sans se détruire."
    « Quoi qu'il en soit, Narcisse n'a pu aimer parce qu' il s'est trompé de miroir :
     "Mire-toi dans une âme où l'amour s'éternise :
      Pour un miroir vivant, réfléchir c'est aimer !"

Il n'a pas voulu se connaître par les yeux de l'autre, se reconnaître dans les yeux de l'autre. La nymphe aurait pu lui dire ces vers que lui prête le poète :
      "Tu as fermé une porte pour toujours,
       Il existe un miroir qui t'attendra en vain."

      Fermer la porte de l'amour, n'est-ce pas ouvrir celle de la mort ? Et cela reste vrai lorsqu'on recherche dans l'autre la fascination de soi-même de manière tout à fait narcissique :

     "Me voir par ses yeux, dans ses yeux. (...)
      Dans ses pupilles dilatées, je m'agrandis.
      Dans ses prunelles flamboyantes, je scintille.
      Quand je m'y mire, je m'y admire.
      Dans son regard, Narcisse se noie."

       Narcisse a inspiré une pléiade de poètes, d'artistes, de romanciers. Parmi eux, Oscar Wilde conte que le lac d'eau douce où Narcisse se noya est devenu, après sa mort, une urne de larmes amères. Les divinités de la forêt interrogèrent alors le lac qui avoua :
       "Je pleure pour Narcisse, mais je ne m'étais jamais aperçu que Narcisse était beau. Je pleure pour Narcisse parce que, chaque fois qu'il se penchait sur mes rives, je pouvais voir, au fond de ses yeux, le reflet de ma propre beauté."
     Ainsi ce lac est-il lui-même narcissique ! »
     Se prendre pour son reflet ! Mais pire encore ! Imiter le reflet de l’autre !

       « Un conte de Jorge Luis Borges peut nourrir notre réflexion. Il nous rapporte ce qui se serait passé il y a fort longtemps dans l'ancienne Chine, au temps mythique de l'Empereur Jaune Houang-Ti qui laissait s'exercer le libre jeu du Ciel et de la Terre :

     "En ce temps-là, le monde des miroirs et le monde des hommes n'étaient pas, comme maintenant, isolés l'un de l'autre. Ils étaient, en outre, très différents ; ni les êtres ni les couleurs ni les formes ne coïncidaient. Les deux royaumes, celui des miroirs et l'humain, vivaient en paix; on entrait et on sortait des miroirs. Une nuit, les gens du miroir envahirent la terre. Leur force était grande, mais après de sanglantes batailles, les arts magiques de l'Empereur Jaune prévalurent. Celui-ci repoussa les envahisseurs, les emprisonna dans les miroirs et leur imposa la tâche de répéter, comme en une sorte de rêve, tous les actes des hommes. Il les priva de leur force et de leur figure et les réduisit à de simples reflets serviles."

      Par un renversement extraordinaire de situation, ne sommes-nous pas devenus tout simplement les reflets serviles de nos miroirs, incapables de nous voir autres que cela, leur demandant constamment, sans même en avoir conscience, leur assentiment, acceptant la dictature de l'apparence ?

     L'inconsistance de cette apparence nous renvoie pourtant à l'inconsistance et à la précarité de ce qui n'est somme toute que le véhicule de l'âme dans son incarnation sur cette terre.

     La légende de Jorge Luis Borges prévoit qu'un jour nos reflets nous imiteront de moins en moins et que les formes du miroir " briseront les barrières de verre et de métal et cette fois nous serons vaincus."

     Tout conteur est un visionnaire. Ce temps n'est-il pas venu ? L'homme actuel, imitant les images que les médias reflètent, devient leur esclave. Pire même, "la télé est un média qui dissout son objet», et ce faisant, il est comme dissout par elle, renonçant à toute authenticité.

      Peut-être est-il grand temps de retrouver la peur des voleurs d'âme ! »

      Du temps où les miroirs étaient rares, ils étaient beaucoup plus largement utiliser pour expliciter ce qu’est la création par rapport au divin, de manière anagogique. En témoigne ce conte que l’on trouve dans de nombreuses traditions et plus particulièrement sous la plume de Sohravardî :

      “Il était une fois, en Chine, deux villages fameux, réputés pour la valeur de leurs artistes et créateurs. Ils rivalisaient de prouesses pour la décoration des temples et des palais.

     Leur réputation vint jusqu'aux oreilles de l'Empereur qui décida un jour de les départager. Il confia donc la décoration de chacun des murs de la plus grande salle de son palais à l'un et l'autre de ces villages. Les murs en vis-à-vis furent séparés par une vaste tenture et pendant six mois les artistes s'affairèrent, travaillant jour et nuit.

     De temps à autre l'Empereur venait en visite pour se rendre compte de l'état des travaux. L'un des villages commença une fresque éclatante de couleurs illustrant la Création depuis son Origine. Sa beauté était à couper le souffle, même à l'état d'ébauche...

     De l'autre côté, les villageois s'affairaient également. Ils plaquaient sur le mur une sorte de roche inconnue qu'ils frottaient, frottaient, frottaient avec obstination, du matin au soir, avec du sable d'abord, puis avec de la boue, de la cendre... C'était sale et triste !

     L'Empereur voyait sa conviction sur l'issue de la compétition grandir à chaque nouvelle visite. Il se demandait de plus en plus s'il avait eu raison de confier la décoration de la moitié de cette salle à ce village dont l’œuvre paraissait de plus en plus grossière et méprisable... Il s'abstint cependant de tout jugement et attendit pour rendre officiel son verdict que les six mois fussent écoulés.

     Le jour de l'inauguration, il commença par admirer la fresque retraçant la Création du Monde. Sa surprise était un peu émoussée mais il jugea l'œuvre d'une beauté inégalée à ce jour.

     Il fit ouvrir alors la tenture qui séparait la salle en deux et là, il fut ébloui... Sur l'autre mur apparut une fresque en tout semblable à la première, mais encore plus lumineuse et plus limpide !

    Les artistes du second village avaient durant six mois transformé le deuxième mur en un miroir qu'ils avaient poli à la perfection !

     Jusque-là, le roi n’avait vu que des petits miroirs à main. Quelle ne fut pas sa surprise de voir que son image dans le miroir se déplaçait avec lui alors que, dans la fresque, elle restait immobile. Là, son portrait était vivant !

     Un vieux sage du second village s’approcha de lui et lui dit :

     - Majesté, comme vous voyez votre image dans ce miroir, ainsi en est-il de la création entière qui est le miroir de Dieu ; comme le miroir est vide et ne garde aucune trace de ce qu’il reflète, ainsi en est-il de la Création. Et l’homme ainsi est-il miroir de Celui qui est, et, hors de son regard, est-il vide ! 
     Il ajouta :
     - Celui qui veut recevoir l’Inspiration divine doit polir le miroir de son cœur afin qu’il soit désincrusté de tout. ”

    Voilà ! Ceci pour alimenter la réflexion sur la réflexion ! A chacun de tirer la conclusion qui lui convient pour chacun de ces « Contes »…

 

                                                                        Robert-Régor Mougeot

Extrait de Le Miroir, symbole des symboles, Editions Dervy, 1995, actuellement épuisé.

Certains de ces contes figurent dans Contes qui coulent de Source. La quintessence du conte, EDIRU, 2006 du même auteur.


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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 14:25

Voici comment un Soufi ayant voyagé, ce Fou d’Amour, au-delà de la Montagne de Qâf, de l’Orient de la Naissance à l’Occident de la mort[1], conte

 

  CE QU’EST LA CREATION.


 

Le Dieu des dieux avait, nous conte la Bible, « prit refuge dans la Ténèbre ». C’était « la Lumière Noire, la Lumière d’avant la séparation de la lumière et des ténèbres[3] ».

 

 

        

Ce Dieu Suprême, cette Cause première, dans un élan d’Amour immarcescible, « s’enroula sur lui-même[1] ». Une déflagration fulgurante, extraordinaire, retentit que nulle oreille n’entendit, que nuls yeux ne virent et l’Unique-Ce-Qui-Est se dédoubla. Ce fut la création de la lumière noire et de la lumière blanche, une noirceur non-couleur et une blancheur non-couleur.

    

Les savants de l’Occident disent que ce fut le big-bang, « quand nous remontons le temps jusqu'à 10-35 secondes, quand l'énergie de l'univers était de cent mille milliards (1014) de fois l'énergie de masse du proton, et quand il n'avait que la taille d'un millième de milliardième de milliardième de milliardième (10-30) de centimètre.[1] » Cela à 1027 degrés Kelvin ! Vous comprenez j’espère !

Les Soufis de l’Orient disent que ce fut là l’Energie du Pur Amour Créateur qui se manifesta.

 

Ces Deux Lumières s’attirèrent et se repoussèrent par la Force de l’Amour. D’Elles naquit la Radiance des couleurs fondamentales. Ainsi apparut "la sainte Trinité du noir, du blanc et des couleurs[6]" ! Celles-ci s’unirent et se marièrent à l’infini pour rayonner dans l’Espace qu’elles créèrent en se densifiant depuis la plus fine subtilité jusqu’à l’extrême possible de la lourdeur et de l’opacité. Des myriades de couleurs naquirent ainsi dont les plus subtiles ne sont jamais parvenues sur notre planète Terre !

 


« Les Plaines solaires répandent leurs rayons.

Ces rayons sont les Energies qui nourrissent la Terre,

cette nourriture est absorbée par le Terrien qui vit sur Terre

et restituée au Centre Causal de l’Univers qui,

lui, transforme le tout en Energie Universellement Cosmique. »

 

Platon le Karuna,  La Racine Fondamentale, Les Editions de la Promesse.

 

  Les savants de l’Occident de la mort disent qu’existe un spectre lumineux qui va de l’infrarouge à l’ultraviolet.

Les Soufis de l’Orient de la Vie disent qu’ainsi naquirent le monde des Intelligences chérubiniques, monde du temps hyper subtil, puis des Intelligences Archangéliques, celui des Intelligences Angéliques des mondes du temps subtil, celui de l’extrême pointe du Coeur. Elles précédèrent l’intelligence humaine[7] enfermée dans le temps cyclique, et la dépassent amplement.

« Les Anges, se sont des Energies[8] », des Energies vivantes et conscientes. Ces Energies de Feu créèrent l’Univers.

 

         Avant que le Temps ne soit, l’Intelligence Suprême, Père et Mère à la fois de toutes les Intelligences, se sachant « un Trésor caché », voulut « être connu[2] ».

Voici que l’Intelligence Suprême dit aux Archanges et aux Anges : « Je veux être connu et je vais créer l’Homme pour Me voir par ses yeux, parler par sa bouche, entendre par ses oreilles, mais je le laisserai libre de m’accueillir en lui pour cela. »

« … Deux gouttes de Feu se détachent de la Toute Puissance Universelle… En tombant, le choc cosmique donne lieu au Magma fusionnant et bouillonnant.

Lentement, le Feu dévore et brûle ce Monde qui vient de se créer…[9] »



 

D’abord apparurent les sept Ciels allant en se densifiant, partant de la plus subtile matière jusqu’à l’extrême densité en passant par la quintessence et par l’essence. Puis la terre et les sept planètes dans le Ciel, un Univers dans la myriade des Univers créés.

Le brasier du Feu de l’Amour qui habite le Cœur de la Terre se densifia, se refroidit en sa périphérie mais ce fut pendant longtemps un bouillonnement de roches liquides se cristallisant, un magma en fusion allant en se solidifiant.

Les religieux et les savants de l’Occident de la mort disent que le minéral n’est pas vivant et que les humains peuvent l’exploiter pour leurs désirs cupides.

Les Soufis et les Savants de l’Orient de la Naissance connaissent le Secret. Cette Matière, produite par l’Intelligence Suprême, est porteuse, à sa mesure, de l’Esprit de la Pure Intelligence et elle est consciente et vivante au rythme qui est le sien. 

La Lumière Radiante des mondes de la Quintessence et de l’Essence a inscrit Sa trace au Cœur du minéral et maintes couleurs archangéliques et angéliques se trouvent dans les ors, les cuivres, les métaux, les rubis, les émeraudes, les diamants et les saphirs, et tant d’autres choses… cachées dans les entrailles de la Terre, dans la gangue des boues, dans le sable des océans. Tant de lumières et de couleurs ainsi enchâssées dans la Terre. Et cela est l’effet de l’Amour !

         Les Soufis et les Savants de l’Orient de la Naissance respectent la Terre qu’ils considèrent en Mère aimante et les savants et les religieux de l’Occident de la mort exploitent tout cela pour leurs désirs cupides.

Dans le magma en fusion apparurent les roches, mais ses bouillonnements firent apparaître les Eaux primordiales, et l’Air, et l’Ether du Ciel de la Terre, chacun avec son Intelligence à sa juste mesure, esprits nés du Grand Esprit, intelligences nées de l’Intelligence Suprême.

 


Vibrations…,

Etoiles…,

Feux d’artifices éclatant…

 

Les Sept Ciels ensemencèrent la Terre. Naquirent alors la multitude des végétaux qui, plongeant leurs racines dans le minéral, rendirent gloire au Créateur dont ils étaient les miroirs, et l’Esprit était en eux, à leur mesure. Et cela est l’effet de l’Amour !

  Les Soufis et les savants de l’Orient de la Vie en portent témoignage. Les savants et les religieux de l’Occident de la mort ne voient là que choses à exploiter pour leurs désirs cupides. Les végétaux croissèrent naturellement en symbiose avec le minéral, tandis que les eaux du Ciel formant les océans furent ensemencés de formes animales qui les peuplèrent avant de coloniser la terre et le ciel de cette terre. La multitude des formes animales rend gloire au Créateur en reflétant toutes les couleurs que la lumière porte en son sein, et chaque espèce est porteuse à sa mesure de l’intelligence et de la Conscience qu’elle tient du Grand Esprit, des Intelligences célestes et par eux de l’Intelligence Suprême. « Dieu vit que cela était bien[11] » ! Et cela est l’effet de l’Amour ! Partout se déploient les copulations amoureuses pour l’ensemencement de la vie, entre les végétaux, entre eux-mêmes et les animaux, dans le règne animal et dans le règne qui est encore celui de l’animal humain…

La Fleur centrale déploie son feu,
le cœur à neuf pétales en produit subtilement douze autres.
Le moyeu souple s’entoure d’une couronne à douze pointes
donnant naissance à la Terre en bas
et aux Sept Demeures des Essences
qui se divisent en quatre colorations, celles des quatre éléments.
 


Les Soufis et les Savants de l’Orient de la Vie respectent et aiment les animaux
comme les règnes qui les précédèrent.
Les savants et les religieux de l’Occident de la mort, sans conscience, à l’intelligence obscurcie,
ne voient là que choses à exploiter pour leurs désirs cupides.

Soufis et Savants de l’Orient de la naissance, savants et religieux de l’Occident du couchant sont apparus en dernier, ces animaux humains doués d’Intelligence, ayant en eux le « germe d’Immortalité » qui peut leur permettre de quitter l’exil terrestre pour redevenir ce qu’ils étaient avant la dernière densification de la Matière. Les premiers, l’Elite de l’élite, peu nombreux au demeurant, unissent la « crypte » qu’est la Terre au « Temple » de son Ciel[12] pour que la Vie véritable soit. Non pas le Ciel des physiciens et des astronomes, mais les Ciels angéliques et archangéliques. Et cela est l’effet de l’Amour !

Alors, ceux qui se tournent vers l’Orient de la naissance sont habités par l’Intelligence qui les guide vers « l’Existence au-delà du temps[13] ». Cette existence est « déjà » là et « pas encore » là ! Ceux qui se tournent vers l’Occident du couchant et de la mort tuent leur âme, se ferment à la Lumière de l’Esprit et créent leur propre enfer. Mais leurs yeux ne peuvent pas ne pas s’ouvrir à ce qu’est la Vie, en juste temps, un temps « déjà » et « pas encore »12 là, un Temps qui est subtil, voir hyper subtil qui est le Présent de l’Instant sans cesse répété.


                                                                         Robert-Régor Mougeot
                                                                         (Les peintures sont de l'auteur)

 
 [1] L’ Orient et l’Occident au sens métaphysique, au sens que donnent à ces mots les Soufis. Voir l’œuvre d’Henry Corbin. L’Homme de l’Orient est tourné vers la Source et vit selon la Tradition ; l’homme de l’Occident est celui qui a rompu son lien d’avec la Source et qui vit dans la contre-nature.[2] Hadith du Prophète ; « J’étais un trésor caché et j’ai voulu être connu. C’est pourquoi j’ai créé les hommes et les djinns. »
[1] Voir la cosmogonie des Dogons dans Dieu d’eau de Marcel Griaule.
[3] Voir notre livre Le Miroir symbole des symboles, Dervy, 1994, chap. « La Lumière d’avant la séparation de la lumière et des ténèbres ».
[1] Trinh Xuan Than, Le chaos et l’harmonie : la fabrication du réel, Fayard, 1998., p. 314.
 Voir la cosmogonie des Dogons dans Dieu d’eau de Marcel Griaule.
[5] Trinh Xuan Than, Le chaos et l’harmonie : la fabrication du réel, Fayard, 1998., p. 314.
[6] Expression de Joanne Lamy, correspondance.
[7] Voir L’Archange Empourpré de Sohravardhî, traduction d’Henry Corbin.
[8] Karuna Platon, L’Instruction du Verseur d’Eau, Les Editions de la Promesse, 2000.
[9] Idem, La Création, p. 84.
[10] Platon le Karuna, La Racine Fondamentale, Les Editions de la Promesse, 2004.
[11] Genèse.
[12] Voir Temple et Contemplation d’Henry Corbin.
[13] Expression de Platon le Karuna dans ses œuvres.

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21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 09:25

Khezr et Elie en Quête de l’Eau de la Vie

 

 

 

Cette « Quête de l’Eau de Vie » est aussi contée d’une autre façon tout aussi extraordinaire par les gens de Roum : Khezr partit avec le prophète Elie ; « ils découvrirent une source et s’installèrent sur le bord pour manger le pain et le poisson salé qu’ils portaient dans leur sac.

Un geste maladroit !

Le poisson sec tomba dans l’eau.

L’un des deux - mais lequel ? - descendit dans la source et « quand le poisson fut dans sa main, il était vivant[1] » !

Ils burent alors de cette eau de Vie.

Quelle merveille !

L’eau avait rendu vivant le poisson mort !

Mieux encore, la merveille des merveilles, « le poisson mort avait montré la voie vers la source de vie[2] » qui était là mais qu’ils ne voyaient pas !

 


 
Khezr et Elie à la Source de la Vie.

Miniature persane, école de Hérat, seconde moitié du Xe siècle,

Persian Miniatuez « Painting », Oxford, 1933, pl. LXI.


C’est la Matière la plus anodine qui guide le plus souvent même les plus subtils et les plus clairvoyants. « L’Esprit et la Matière sont une seule et même chose à des degrés de cristallisation différents
[3] ». Tout est vivant, même la matière dite morte ! C’est elle qui est porteuse de lumière ; voilà pourquoi il est constamment rappelé d’assumer la Matière, d’incarner et non pas de s’évader dans un spirituel désincarné.

La matière d’apparence la plus vile est témoignage de la vie re-suscitée.

La Vie n’est pas faite pour la mort, mais pour la Vie…

 

Quant à Alexandre, il disparaît « comme la lune dans la queue du dragon[4] » !

Il part pour le pays de l’obscurité, de l’opacité, il plonge dans le noir absolu, s’engloutit dans le dragon pour y chercher la perle d’immortalité, la substance de la Vie, la pierre philosophale dont il est dit qu’elle est « blanche, blancheur non Matière, blancheur non couleur[5] ».

Durant quarante jours[6], il « persévère dans la douleur et la difficulté[7] », mais il semble inapte aux « vastitudes de la conscience » et « dépense sa vie » sans succès avant de faire retour au pays de Roum.

 

 

 

 

 

Les énigmes posées par l’Ange

 

et la pierre du Paradis

 

 

 

Alors, « sur le chemin, un ange surgit devant lui et lui caressa la main. L’ange lui dit :

- “Tu as pris le monde entier d’un seul coup, et tu n’es pas rassasié de passions crues !”16 »  Cet ange lui remet une pierre minuscule en lui disant :

- « Efforce-toi de tirer de cette demeure de pierre une pierre de même poids que celle-ci. En vérité, tant de passions t’agitent que tu te rassasieras tout juste d’une pierre comme celle-ci ! »

Et il ajoute :

- « Garde cette pierre et tiens la pour précieuse[8] », c’est la pierre du paradis ! 

 

Quel est le sens de l’énigme posée à Alexandre par l’Ange ? Celui-ci, accompagnant la petite troupe sur le chemin du retour, dit aussi à chacun des membres de l’escorte du grand conquérant de ramasser du sable sur le chemin en leur posant cette énigme :

- « Quiconque en prend s’en repentira ; et celui qui n’en prend pas aura à se repentir plus encore17 » !

Certains en ramassent peu, d’autres beaucoup et, oh surprise ! arrivés à la lumière, les grains de sable se révèlent être des pierres précieuses, « des rubis rouges[9] » ! Tous sont insatisfaits et furieux, regrettant de ne pas en avoir ramassé plus[10] ! Comprirent-ils ce que l’Ange avait dit ?

 

A Alexandre, l’Ange n’a donné qu’une petite pierre, en rien précieuse, en forme d’œil ! Il lui a dit de la peser et de trouver une pierre de même poids ; mais lorsqu’il la place sur la balance, aucun poids n’est assez lourd pour l’équilibrer.

« Sur l’un des plateaux de la balance, il plaça la pierre, sur l’autre le poids d’or. Mais l’œil était plus lourd, et Alexandre eut beau rajouter sans cesse de nouveaux poids, la pierre pesait davantage. Bientôt le plateau fut rempli de métal précieux et Alexandre fit apporter une balance plus grande. Il mit en contrepoids avec la pierre du paradis non seulement de l’or, mais de l’argent, des pierres précieuses, tandis que les serviteurs apportaient toujours de nouveaux coffres emplis de nouveaux trésors.

- Tout ceci est peine perdue dit [l’ange]. Même si la balance pouvait supporter tous tes palais et la richesse que tu as amassée dans le monde, la pierre du paradis continuerait à peser plus lourd[11]. »

- « L’œil que tu as reçu du paradis est l’œil de l’homme de chair insatiable, toujours avide de nouvelles richesses et perpétuellement insatisfait.21 »

« L’homme pèse si lourd par ses désirs que rien ne peut en donner la mesure, alors qu’il n’est que poussière.21 »

L’ange lui dit alors de recouvrir la pierre de sable et de mettre dans l’autre plateau de la balance une simple poignée de terre, la juste “mesure” de cette pierre. Miracle ! L’équilibre s’établit. « La poignée de terre, c’est l’homme lui-même[12] ! « il suffit que l’homme meure et soit mis en terre pour que s’évanouisse tout désir de richesse[13] », c’est pourquoi il a toujours été dit de « mourir avant que de mourir[14] ».

 

Ainsi « Alexandre qui cherchait l’eau de vie ne l’a pas trouvée ; l’eau de vie est parvenue à Khezr qui ne la cherchait pas. Alexandre se hâte vers l’obscurité ; Khezr trouve auprès de l’eau la voie de la lumière ». A l’homme sans désir est octroyée connaissance et clarté dans l’obscurité ; à l’homme de désir, ignorance et aveuglement dans la lumière, cette lumière du soleil terrestre qu’Alexandre retrouve après quarante jours. A quoi bon courir après ce qui n’est pas ton lot ? « Toi, demeures, car le lot apparaît de lui-même[15] ». De cette quête, Alexandre se réjouit : « s’il ne trouva pas la vie éternelle, au moins, dans cette quête de la Vie, ne trouva-t-il pas la mort » !

 

 

Mais Toi, trouveras-tu la Vie ?

 

Traverseras-tu les ténèbres pour trouver la Lumière de l’Eau de Vie ?

 

La Nuit, en arabe, se dit Leyl !

Elle est noire, cette Nuit comme la chevelure de Leyli…

Ou bien est-ce la chevelure de Leyli qui est obscure comme elle ?

 

Fou que Tu Es, sauras-Tu être Fou d’Amour ?

Fou de Leyli ?

Fou de Dieu transformant « les Chemins de la Vie en connaissance de l’Eternité » « pour combler la terre de l’Essence même de la Divinité qui est Amour[16] », Amour, Amour…

 

 



[1] « Métamorphoses alchimiques de la mort en littérature persane classique… », op. cit.,     p. 268.

[2] Idem, p. 269.

[3] Emmanuel-Yves Monin, Le Manuscrit des Paroles du Druide sans nom et sans visage, Ed. Y. Monin.

[4] Nezâmi, cité p. 267.

[5] Karuna, L’Instruction du Verseur d’Eau.

[6] Un quarante symbolique. Selon la Kabale des Kabales, dans 40 (Mem), le 4 tient enfermé le 10 (Yod) qui est la vie créatrice réalisée. « « L’absorption du Yod par l’action de la pensée est un aspect de l’inertie, et la force de l’inertie est un aspect de la présence omniprésente du 2 : c’est le 4. » (Carlo Suarès, La Kabale des Kabales, Méditation du Taw).

[7] « Métamorphoses alchimiques de la mort en littérature persane classique… », op. cit.,     p. 271.

[8] Idem, p. 272.

[9] Pour Nezâmi, le rubis rouge représente l’œuvre au Rouge.

[10] « Comment Alexandre devint sage », Contes Juifs racontés par Léo Pavlát, Gründ 1988. Les Juifs, jadis nombreux en Perse, ont travesti le roman d’Alexandre en conte et proposent une explication claire de la pesée intrigante et énigmatique de la pierre donnée à Alexandre par l’Ange !

[11] Contes Juifs, op. cit., p. 81.

[12] D’après Nezâmi, Le Roman d’Alexandre, op. cit.

[13] Contes Juifs, op. cit., p. 81.

[14] Hadith du Prophète.

[15] Nezami, cité dans « Métamorphoses alchimiques de la mort en littérature persane classique… », op. cit., p. 273.

[16] Platon le Karuna.

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20 septembre 2008 6 20 /09 /septembre /2008 17:58

Alexandre en Quête de l’Eau de la Vie

 d’après

 Le Roman d’Alexandre de Nezâmi.

Nézami.
Gandja. Azerbaïdjan


 

 Dans les temps anciens, Alexandre le Conquérant étendit son Empire sur la Perse ; il voulut alors, pour étendre encore sa puissance, s’initier au Secret des Sages et des Prophètes et partir à la conquête de l’immortalité, là où il entendit dire qu’était sa source, au pays d’Obscurité.
L’Eau de la Vie[1], l’Eau d’Immortalité, c’est le seul but digne d’un humain sur cette Terre ! Qui en fait le but de sa Quête rencontrera le Vieillard, le Sage, le Pîr qui lui dira comme il lui fut dit :
« “Il y a un voile, sous le pôle nord, où se trouve une source pure d’eau limpide, un voile dont le nom est Obscurité : de ce lieu de paix coule l’eau de Vie”.
Accéder à ce lieu n’est pas facile : aux abords, la ténèbre devient de plus en plus épaisse jusqu’à devenir complète une fois que l’on est arrivé. De surcroît, si l’on entre au pays d’Obscurité, il faut aussi pouvoir en sortir.[2] ».

 Peut-être ce Vieillard lui dira-t-il :
« Je la connais la Source d’Eau Vive 
   qui coule et se répand
   Mais c’est de nuit !

   Cette fontaine éternelle est cachée
   Je sais bien où elle est
   Mais c’est de nuit !

    Dans la nuit obscure de cette nuit
   Je la connais bien, par la foi, cette source
   Mais c’est de nuit !

    Son origine, je l’ignore, elle n’en a pas
   Je sais que tout être en tire son origine
   Mais c’est de nuit !

    Je sais qu’il ne peut y avoir de source plus belle
   Que la terre et les cieux vont s’y abreuver
   Mais c’est de nuit !

    Je sais bien que c’est un abîme sans fond
   Et que personne ne peut y passer à gué
   Mais c’est de nuit !

    Sa clarté n’est jamais obscurcie
   Et je sais bien que toute lumière vient d’elle
   Mais c’est de nuit ![3] »

 Quel guide conseiller à ce conquérant de l’impossible ?
Ce ne peut être que Khezr « le “verdoyant”, un être qui fait reverdir l’herbe sous ses pas, et qui, à lui seul, est déjà un gage de vie, de “verdeur”, donc de jeunesse et de régénération[4] » ! Il est en affinité avec le monde le plus subtil, au contraire de ce conquérant, lourd, pétri de matière dense, de terre noire et opaque, qui certes, mais il n’en a pas conscience, est en obscurité.
C’est l’opaque qui a besoin de la substance vivifiante, c’est l’aveugle qui désire la voyance, le malade qui souhaite le médecin, le mort qui aspire à vivre ! Le cœur du conquérant l’exhorte : « Cette coupe de terre, couleur d’obscurité, va la chercher ! Apporte, de ta main, l’eau de vie : par cette eau, rends-moi clairvoyant et, par cette vie, rends-moi plus vivant4 ».
Notre conquérant, accompagné d’une jeune troupe d’élites, guidé par Khezr, part pour cette terre…

C’est la première nuit du second mois solaire où tout reverdit… Nul besoin d’armes ou de provisions pour un tel voyage ! Il convient d’être désencombré de tout…
La pensée surgit de l’obscurité comme le soleil de la nuit, mais le soleil naissant sur cette terre étend un voile bleu qui masque la voie lactée et tous les autres soleils ; eux n’apparaissent qu’en l’obscurité de la nuit profonde, la nuit noire de l’âme. Qui perçoit que le soleil, éclairant la terre, obscurcit le ciel qu’il verrouille de son « cadenas d’or » ?

De même, lorsqu’un homme « établit son séjour dans l’eau de vie, il est bon qu’il mette un voile devant lui. Celui qui est assis près du bassin de l’eau de vie ne peut échapper au voile bleu[5] », au voile sombre, obscur…
Le départ se fit promptement, par grande obscurité, par une nuit noire, la lune ayant disparu dans la queue du dragon.
Mauvais présage !
La perle d’immortalité n’était pas offerte au conquérant par le dragon gardien de ce trésor.
Le conquérant ne sut lire le signe ! Il envoya alors justement Khezr en éclaireur. Le rapide cheval bai qu’Alexandre avait sous lui, avait le courage d’un lion ; il le lui donna. Grâce à celui-ci, Khezr filerait vers la source avec efficacité. « Il lui donna un joyau qui, dans l’abîme, au contact de l’eau, deviendra brillant. Il lui dit : “Pour ce chemin, devant et derrière, tu es éclaireur : il n’y a eu personne avant toi. Seul, de part et d’autre, chevauche à grande allure, ouvre les yeux, sois en éveil, là où l’eau de la vie produira la clarté, car le joyau lumineux ne ment pas. Bois, et quand tu auras bu grâce à ta bonne étoile, fais moi signe afin que je t’en récompense”.
Sur son ordre, Khezr le vert, fièrement, prit la route en avant-garde. Il prit une autre voie que le chemin de l’armée : avec un haut dessein, il ouvrit les yeux de tous côtés.
Ardente fut sa recherche de l’eau dans le lieu caché : toutefois, les lèvres de l’assoiffé ne rencontrèrent pas l’eau.
Quand le joyau brillant s’illumina dans sa main, Khezr regarda en bas et découvrit ce qu’il cherchait : cette source d’argent apparut, semblable à de l’argent qui s’épure depuis l’ombilic de la pierre.
Ce n’était pas une source, non, elle était loin de ce mot : mais si cela l’était, c’était une source de lumière. Comme l’étoile à l’aube…, ainsi était-elle, mais à la première heure de l’aube.
Comme la pleine lune,… ainsi était-elle, mais une lune augmentée.
A cause de son agitation, elle n’était pas en repos, comme le mercure dans la main du vieillard paralysé. Sa forme était si pure que je ne saurais quelle comparaison donner de sa substance. Cette lumière, cet éclat ne viennent pas de n’importe quelle substance : on peut l’appeler feu, c’est-à-dire aussi eau.[6] »

Ah certes ! Les plus beaux joyaux sont de la plus belle eau ! En cette Source l’Eau est le Feu. De trois gouttes de Feu est né l’homme qui se doit d’assumer son eau… Comprenne qui peut ! Il convient de s’arrêter un instant au seuil du mystère…
« Lorsque Khezr fit connaissance avec la source, grâce à elle, ses yeux acquirent la clarté. Il descendit [de cheval], ôta promptement ses vêtements, lava sa tête et son corps dans cette eau pure. Il en but autant qu’il convenait et il devint adéquat à la vie éternelle. De même, il lava sa monture baie et il la combla d’eau ; il mit le vin pur dans l’argent pur. Il s’assit sur sa monture, voyageuse des grands espaces, gardant les yeux sur cet “abreuvoir”. [Il pensa :]
- Quand le roi viendra, par bonheur, il dira : “Voici la source de vie !”
Mais alors qu’il jetait un coup d’œil à la source, celle-ci devint invisible à ses yeux.

Aussitôt, il comprit en sa conscience, que le conquérant resterait “vide” à l’égard de la source. C’est parce que celui-ci en serait privé, non par crainte de sa colère, que Khezr se cacha, comme la source à ses yeux.4 »
Khezr « était déjà “familier” de cette substance par sa propre substance ». Il boit et accède au plan d’immortalité ; il est en similitude avec la source. Comme elle, il est lumière et, comme elle, il a sa demeure dans l’obscurité, dans le secret. Toujours, à peine entrevu, il disparaît, par compassion pour ceux qui ne peuvent voir le Soleil de la Vérité en face. Il ne peut servir de guide à quelqu’un dont la source de Vie ne veut pas encore ! Il ne peut échapper au voile bleu… La connaissance du secret demeurera secrète. Pourtant, il est devenu « “joyau”, dans l’obscurité, joyau lumineux qui attire à lui tout ce qui est en affinité avec sa substance4 ».
Joyau et substance ne font qu’Un ! Mais ne faut-il pas toujours aller plus loin ? Ne vous y trompez pas, il s’agit du Soleil de tous les soleils, celui qui ne fait point d’ombre ! « De la Source ne vient pas l’ombre, mais la lumière ; pourtant la source n’est pas loin de l’ombre. Si la source et l’ombre s’accordaient, comment l’ombre s’accorderait-elle avec la source du soleil ?8 » Il s’agit de la Lumière Noire, celle d’avant la séparation de la Lumière et des ténèbres ! Ecoutez votre Cœur !
Notre soleil nous éclaire-t-il lorsqu’il sort de la nuit qui le régénère ? Il est l’image parfaite du cycle des réincarnements, mais il faut aller encore plus loin, au-delà, toujours au-delà… Au-delà de la substance, au-delà de l’âme de tout ce qui est… Au-delà de l’immortalité… Au-delà,… en voyant qu’il n’y a pas d’au-delà, « pas d’autre ailleurs que Moi demeure infinie[7] » !

A peine entré en possession de sa propre substance, de sa nature première et divine, de son âme lumineuse, à peine remonté à sa source de lumière et redevenu cette source, ne faut-il pas encore mourir à la divinité pour que la Vie soit !

Toi, « cette coupe de terre, couleur d’obscurité, va la chercher ![8] »
Tu seras « ivre d’un vin qui existait bien avant l’invention de la vigne » !
Par l’union au Bien-Aimé, à la Source Originelle, se transmute l’état douloureux en extase. Il verse alors « le vin pur dans l’argent pur ». Tu deviens un joyau de la plus belle eau si tu sais unir l’Eau et le Feu !

Mais attention ! « Si tu ne sais discerner l’ivresse de l’anéantissement, ne te vante pas alors de l’anéantissement.[9] »


&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&& 

 

 

 

 

 

 



[1] Âb-heyvân

[2] Nezâmi, Le Roman d’Alexandre, passages traduits par Claire Kappler. Voir : Claire Kappler et Suzanne Thiolier-Méjean, Alchimies. Occident-Orient ; communication de Claire Kappler : « Métamorphoses alchimiques de la mort en littérature persane classique… », L’Harmattan, 2006, p. 262 et suivantes.

[3] Saint Jean de la Croix, dans Paroles de sagesse chrétienne, Albin Michel, 2000, p. 16.

[4] « Métamorphoses alchimiques de la mort en littérature persane classique… », op. cit.,     p. 263.

[5] Idem, p. 264-265.

[6] Idem, p. 266.

[7] Karuna Platon.

[8] « Métamorphoses alchimiques de la mort en littérature persane classique… », op. cit.,      p. 267.

[9] Farid-od din’ Attar, Le Livre Divin.

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16 septembre 2008 2 16 /09 /septembre /2008 05:25

Contes des  « Rêves des Ors-Donnés »

 

 à la Médiathèque de Brétigny-sur-Orge.


Espace Jules Verne, rue Henri Douard

 Le samedi 18 octobre 2008 à 16H45.


***


           
Ah ! Les Contes ! 

Entendre la création du monde selon la mythologie des Ashanti du Ghana…

Partir au temps du rêve en Australie où s’inventa le didjeridoo…

Rêver de la Licorne, entendre conter Farid-od din ‘Attar et Djalâl-ud- Dîn Rûmî…

Ressusciter le Bagdad des Mille et une Nuits…

Voir naître une étoile dans le ciel du désert…

Ou contempler la Vérité toute nue sortant du fond de son puits…

 

par Régor (Robert Mougeot) 

 

 

« La petite araignée Anansé »,

 « L’invention du didjeridoo »,

avec l’accompagnement au didjeridoo de Jacques Rouxel.

« Les trois conseils ».

« La recherche de la licorne »

puis « La disparition de la licorne ».

 

 

 

« La naissance d’une étoile ».

« La mort du perroquet ».

« Le trésor rêvé ».

« La vérité toute nue ».


Contes exraits de
"Contes qui coulent de Source. La Quintessence du Conte",
Editions EDIRU, 2006
 

Accompagné aux petites percussions et à la flûte.

par Kalimaé

 

 

 

  http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendID=183403238

Entrée gratuite.

Durée 1H30

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